Arrêt de grossesse et histoire familiale

La perte d’une grossesse, autrement dit une fausse couche ou une IVG, qu’elle soit récente ou survenue dans les générations précédentes, peut laisser une empreinte profonde et invisible sur les femmes et les familles. Parfois, ce vécu s’inscrit dans une chaîne transgénérationnelle, où les histoires de fausses couches, de deuils périnataux ou de pertes non verbalisées influencent inconsciemment la manière dont une femme vit sa propre expérience. Cet article explore le rôle du transgénérationnel et de la psychogénéalogie dans ces situations et propose des pistes pour reconnaître et alléger ce poids émotionnel.

L’empreinte des arrêts de grossesse des générations précédentes

1. Les pertes silencieuses dans l’histoire familiale

• Dans de nombreuses familles, les fausses couches, morts-nés ou interruptions de grossesse (volontaires ou non) ont longtemps été passés sous silence. Ces événements, souvent chargés de douleur et de tabous, peuvent pourtant marquer durablement les descendants, même si ceux-ci n’en ont pas conscience.

• Ces pertes non verbalisées, faute d’être reconnues et intégrées, deviennent parfois des “secrets de famille” ou des non-dits qui se transmettent sous forme d’angoisses diffuses ou de schémas émotionnels.

2. L’influence inconsciente des arrêts de grossesse sur les générations suivantes

• Une femme ayant perdu un enfant peut transmettre inconsciemment des émotions non résolues à ses descendants : tristesse, culpabilité, peur de perdre à nouveau.

• Cela peut se manifester par des réactions disproportionnées face à une grossesse ou une fausse couche, ou encore par une anxiété persistante, même si la femme ne connaît pas les détails des histoires familiales.

3. Le rôle de la psychogénéalogie face aux arrêts de grossesse

• La psychogénéalogie explore la manière dont les événements et émotions vécus par nos ancêtres influencent notre vie actuelle. Dans le contexte d’une perte de grossesse, elle peut aider à comprendre pourquoi certaines douleurs semblent “amplifiées” ou pourquoi une femme ressent une peur inexpliquée pendant sa grossesse.

Reconnaître les signes du poids transgénérationnel des arrêts de grossesse

Certaines émotions ou schémas peuvent indiquer une influence transgénérationnelle. Voici une liste non exhaustive pour mieux les identifier :

1. Sentiments et comportements récurrents :

• Peur intense de perdre son bébé, sans raison médicale apparente.

• Sentiment d’échec ou de culpabilité disproportionné après une fausse couche.

• Difficulté à s’attacher émotionnellement au fœtus, comme une “protection” contre une éventuelle perte.

2. Non-dits familiaux :

• Un silence persistant autour des pertes de grossesse dans la famille.

• Une impression de “vide” ou d’absence dans l’arbre généalogique (par exemple, une sœur ou un frère “oublié”).

• Des réactions émotionnelles intenses de la part des membres de la famille lorsqu’une grossesse ou une fausse couche est évoquée.

3. Réactions émotionnelles inexpliquées :

• Angoisse disproportionnée face à certaines dates, comme l’anniversaire d’un événement familial.

• Sentiment d’être “habitée” par une douleur qui ne semble pas entièrement la tienne.

Comment alléger ce poids émotionnel ?

1. Mettre en lumière les histoires familiales

Rechercher les récits oubliés : Discuter avec les membres de ta famille pour comprendre les éventuelles pertes ou drames liés à des grossesses. Poser des questions, même si elles semblent délicates, pour lever les zones d’ombre.

Créer un arbre généalogique émotionnel : Noter les événements marquants, y compris les pertes, et les réactions qu’ils ont suscitées dans ta famille. Cela peut révéler des schémas ou des non-dits.

2. Verbaliser et reconnaître la douleur

Nommer les pertes : Reconnaître les fausses couches ou décès périnataux, même ceux survenus il y a plusieurs générations, peut apaiser les tensions invisibles dans le système familial.

Célébrer les mémoires : Si cela résonne pour toi, créer un rituel ou un moment de souvenir pour honorer ces vies perdues peut t’aider à leur donner une place dans ton histoire.

3. Explorer ton propre ressenti

Écouter tes émotions : Prendre le temps d’explorer tes peurs ou tes tristesses. Sont-elles uniquement liées à ta propre expérience ou pourraient-elles avoir une origine transgénérationnelle ?

Écrire pour se libérer : Tenir un journal peut te permettre d’exprimer des émotions enfouies ou de mettre des mots sur des sensations inexplicables.

4. Travailler avec un thérapeute

La psychogénéalogie : Un thérapeute spécialisé peut te guider pour identifier les blocages et schémas hérités de ta famille.

Les thérapies de deuil périnatal : Elles peuvent t’aider à traverser et intégrer ta propre perte, tout en démêlant ce qui t’appartient de ce qui vient de tes ancêtres.

5. S’ancrer dans le présent

Pratiquer des exercices de pleine conscience : Ils t’aident à revenir dans l’instant présent et à dissocier tes émotions actuelles des influences passées.

Renforcer ton lien avec ton corps : Par des pratiques comme le yoga, la méditation ou des soins corporels, tu peux reconnecter ton corps à des sensations positives et apaisantes.

Les histoires de fausses couches ou de pertes dans les générations précédentes peuvent peser inconsciemment sur une femme qui vit sa propre grossesse ou sa propre perte. Mais en mettant en lumière ces récits familiaux, en reconnaissant leur existence et en travaillant à les intégrer avec bienveillance, il est possible d’alléger ce poids transgénérationnel.

Ce chemin de compréhension et de libération peut non seulement apporter un apaisement personnel, mais aussi transformer l’héritage émotionnel que nous transmettons à nos enfants et aux générations futures. Reconnaître les douleurs du passé, c’est se donner la chance de construire un avenir plus serein et libre pour soi-même et pour sa famille.

Si tu souhaites trouver un apaisement après un arrêt de grossesse et envisager sereinement une nouvelle grossesse, je serais ravie de t’accompagner.

Précédent
Précédent

Le Rôle du partenaire lors de l’accouchement

Suivant
Suivant

Organiser son cocon post-partum : Comment se préparer à un 4ème trimestre serein